Carmel de la Trinité
Metz-
Plappeville
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Seigneur, avec quelle bonté, douceur, tendresse, générosité…Vous guérissez par votre Amour.(Ste Thérèse d'Avila-Excl.138)

therese_ejsf_vignette.jpgPartage d'une lecture du texte du « Petit oiseau »   
Manuscrit B de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus de la Sainte Face

Longtemps j’ai lu et relu ce joli texte sans bien comprendre pourquoi il m’attirait tant.
Finalement, je l’ai trouvé si riche que j’ai eu le désir de vous partager comment j’y trouve une nourriture.


Où allons-nous ? Thérèse (qui est ce petit oiseau) nous l’indique dès le départ :
vers « la possession, la jouissance de l’Amour »… « posséder la plénitude de l’Amour ».
Saint Jean de la Croix dirait : l’union à Dieu.
Or à la fin de cette histoire, voici que le petit oiseau « volera avec les propres ailes de l’Aigle Divin ».
Autant dire que l’union est si intime que c’est presque, le petit oiseau est l’Aigle Divin.
Le but semble donc atteint, au moins par la Foi. L’itinéraire de l’oiseau s’achève dans « l’abîme de cet Amour ».
Tout ce qui se trouve inscrit dans cette inclusion est très précieux pour éclairer le chemin qui mène à l’union à Dieu.
Cet itinéraire est comme une route sur laquelle des jalons peuvent nous aider à cheminer.
Essayons de les repérer.becs.JPG

1er jalon : le désir de la Foi.
Pour prendre la route, il faut désirer atteindre le but et croire que c’est possible !
Croire en notre capacité de « posséder, de jouir de l’Amour ». Y croyons-nous assez ?
N’avons-nous pas trop vite fait de croire que la sainteté est hors de notre portée ?
Thérèse nous l’interdit ! Car qui serait plus petit qu’un oiseau « faible » et « couvert seulement d’un léger duvet » ?
Plus loin, juste en conclusion du texte, Thérèse dira à Jésus :
« si par impossible tu trouvais une âme plus faible, plus petite que la mienne, tu te plairais à la combler ».
La grâce se déploie dans la faiblesse. C’est ce que va nous montrer notre petit oiseau au travers de son histoire et de ses aventures.
2ème jalon : la volonté.
Evidemment, il faut faire l’effort d’ «aspirer » ce désir.
Il ne suffira pas d’attendre qu’il nous tombe du ciel !
Il faut « vouloir voler » et « soulever ses petites ailes »,
même lorsque, d’y arriver, « n’est pas en son petit pouvoir ».
nid.JPG3ème jalon : l’abandon confiant.
Cette attitude se retrouve tout au long de l’histoire, de plus en plus intensément. Voyons comment elle s’exprime.
Il s’agira de « ne même pas s’affliger », refuser la tristesse, le découragement, et tout ce qui s’oppose à l’amour.
Plus loin nous trouverons une « ruse d’amour » pour « attirer plus pleinement l’amour » et se faire pardonner ses chutes.
Puis, c’est une volonté d’amour : malgré le sommeil, « il ne se désole pas ».
Ce sera également sa réponse face aux tentations : les vautours, « il ne les craint pas ».
Nous sommes ici au cœur de la Petite Voie. L’abandon et la confiance sont toujours la réponse de Thérèse en toute circonstance,
et c’est le cri de sa joie la plus profonde lorsqu’elle adore son Seigneur :
« Comment ma confiance aurait-elle des bornes ? »
4ème jalon : l’acceptation.
Nécessaire à chaque étape, cette attitude va elle aussi s’approfondir au long du chemin.
Le mot apparaît seulement après les chutes : « la petite créature accepte d’être transie de froid ».
Cependant l’acceptation était déjà présente auparavant, lorsque le petit oiseau s’aperçoit que de « s’envoler, n’est pas en son petit pouvoir ».
Il n’aurait pas pu poursuivre sa route sans une sincère acceptation de sa finitude, de ses limites, de sa condition de créature.
De plus, le petit oiseau ne prétend pas s’en sortir tout seul. Non seulement il prie Dieu de l’aider, mais il invoque aussi les anges et les saints…
Peut-être y a-t-il aussi des anges et des saints tout près de nous ?
5ème jalon : la joie !nuages.JPG
Elle apparaît deux fois : d’abord dans la tempête,
lorsqu’il « lui semble ne pas croire qu’il existe autre chose que les nuages qui l’enveloppent ;
c’est alors le moment de la joie parfaite (…) quel bonheur pour lui de rester là quand même ».
Oui, la reconnaissance pour le don de la fidélité apporte du bonheur.
La joie que l’on retrouve plus loin dans le texte me semble encore plus profonde et plus pure parce que sûrement, davantage éprouvée.
Notre petit oiseau est là blessé par l’épreuve du péché. La joie vient ici comme le fruit de l’acceptation :
«la petite créature reste mouillée, elle accepte d’être transie de froid et se réjouit encore de cette souffrance
qu’elle a cependant méritée…Ô Jésus ! que ton petit oiseau est heureux d’être faible et petit ».
lever.soleil.JPGCette joie-là est une grâce toute particulière, un pur don gratuit de Dieu. Cette grâce va jusqu’à utiliser le mal pour aimer.
Le mal lui rappelle et lui fait sentir au plus profond d’elle-même son incapacité radicale à aimer Dieu comme elle le voudrait,
et justement c’est de là que naît sa joie, puisqu’elle se découvre totalement dépendante de son Seigneur Miséricordieux.
Voilà quelques jalons peut-être utiles pour trouver les attitudes profondes
qui permettent d’avancer, au travers ou…grâce
à nos propres aventures, sur le chemin du Ciel !

Evolution de l’humilité de Thérèse dans cette histoire.

Au départ, notre petit oiseau se sait petit, mais il est très volontaire. Sa petitesse n’est pas un péché.
Elle l’empêche d’être grand et de faire comme les grands. Cependant, son objectif reste ambitieux ! 
puisqu’il s’agit de rien de moins que la sainteté ! Le Seigneur, comme nous le voyons sait, utiliser nos ambitions, pour nous attirer à Lui !
N’est-il pas vrai que le Royaume des cieux n’appartient qu’aux violents qui s’en emparent ?

Après l’humiliation des chutes dans les flaques d’eau, notre petit oiseau deviendra bien plus modeste.
A présent, il ne se dit plus seulement petit et faible mais bien pécheur. Ce qui représente un approfondissement considérable !
Puis vient la grande nuit après laquelle il dira, non seulement qu’il est pécheur, mais
qu’il « rentrerait dans le néant si ton Divin regard ne me donnait la Vie à chaque instant ».
Dans cette histoire,, comme dans toute vie spirituelle, plus l’humilité s’approfondit, plus l’abandon, la confiance et la joie grandiront.
Il faut qu’Il croisse et que je diminue. Plus je diminue, plus la grâce divine croît en moi, jusqu’à ce que l’on puisse dire avec Saint Paul :
« ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ! »

Attitude de Dieu dans cette histoirearc_en_ciel.JPG

Mais Dieu, que fait-Il dans cette histoire ?
Non, ce n’est pas le Soleil qui fait venir les nuages ou la tempête puisque Lui, à ces moments-là, brille toujours, fidèle à Son poste et à Sa mission.
Ce n’est pas Lui non plus qui trempe son oiseau dans la flaque d’eau ou le distrait avec des graines de jolies fleurs, et ce n’est pas Lui qui endort.
Il me semble que la seule chose que fasse le Soleil Divin, c’est d’attirer à Lui.
Il attire et ne fait que cela, toujours. Quoi que nous fassions, Il est là et Il attire à Lui. L’Amour ne sait faire que cela !
Ce qui arrive à l’oiseau est du à sa faiblesse naturelle, à son péché, mais –et c’est heureux pour nous-
cela n’empêche pas le Soleil de briller et de nous attirer à Lui.
Le Soleil ne nous juge pas, c’est nous-même qui nous voyions sale et mouillé devant Lui, dans Sa Lumière qui, elle, sèche et purifie.
Voilà bien qui permet de conclure avec Thérèse :
« Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s’élance pas vers toi ? Comment ma confiance aurait-elle des bornes ? »


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